En Octobre 2020, la ville de Manosque se dotera d’un nouveau tribunal signé par l’architecte marseillaise Kristell Filotico. Lauréate en juillet 2018, l’équipe de maîtrise d’œuvre est complétée par les bureaux d’études Sp2i (VRD, structure, économie) et Adret (Fluides et Environnement). Caps Sécurité agira en qualité de coordinateur SPS et Socotec en bureau d’études. La phase DCE commencera en juin prochain tandis que le chantier sera lancé en octobre 2019. Le nouveau tribunal de Manosque vise à offrir une qualité d’accueil plus élevée, il permettra également de regrouper les deux tribunaux, le tribunal de Commerce et le tribunal d’Instance qui fait suite à la dernière réforme de la Carte Judiciaire de 2008.
Contexte et implantation dans la ZAC Chanteprunier
La ville de Manosque se situe dans les Alpes de Haute-Provence, cette ville de 22 000 habitants s’est étendue depuis 2007 avec la ZAC Chanteprunier, à l’Est de la ville. Ce projet urbain qui s’installe sur 82 hectares de terres offrira à termes 240 000 m2 de construction dont 110 000 m2 de logement.
La ZAC Chanteprunier a été divisée en trois phases, la première s’étant achevée en 2014 est marquée par les équipements (éducation et santé), les deux autres phases seront essentiellement tournées vers le logement. Le quartier accueillera notamment le nouveau centre aqualudique de Manosque (concours d’architecture à venir) sur une parcelle de trois hectares, la concertation publique s’est achevée le 31 décembre 2018 afin d’affiner la programmation. Le centre aqualudique a pour ambition de répondre au besoin de l’agglomération soit près de 62 000 personnes.
La ZAC Chanteprunier est desservie par une grande avenue suivant l’axe Nord-Sud, elle dessert notamment l’école Internationale de Manosque (ITER) dessinée par l’architecte Rudy Ricciotti ainsi que le Centre Hospitalier Louis Raffali qui lui fait face. Le futur Tribunal de Manosque se positionne plus au Nord de l’avenue, face à une maison de retraite. Le terrain de forme trapézoïdale de 2946 m2 est en frange de ZAC, bordée par les terres agricoles de la vallée de la Durance qui s’inclinent face au Mont d’Or. Un projet urbain supplémentaire le jouxtera à l’avenir.
Composition architecturale de Kristell Filotico
L’enjeux pour les architectes a été d’une part d’offrir un espace de qualité aux usagers, mais aussi d’affirmer ce petit lieu de justice (2 000 m2) dans un environnement aéré de places de stationnements délimitées entre autres par un hôpital et l’école monumentale de Rudy Ricciotti. Ces grandes étendues qui reçoivent la venue des véhicules ont incité les architectes à ne pas recourir à un parvis mais à épouser les limites du terrain (et même les dépasser) permettant au passage d’offrir un équipement public sur un seul et même niveau.
Autre point qui a modelé la conception du tribunal de Manosque, est l’intention des architectes de proposer des lieux d’attentes qui soient dedans mais aussi dehors en fonction des saisons. Cette volonté se concrétise par la création d’un jardin des Pas perdus, recouvert de pavés de béton et délimité par des briques de béton et un moucharabieh. C’est depuis ce même lieu que seront desservis les deux tribunaux.
Une fois entré dans le tribunal, celui-ci s’organise en deux strates, l’une publique, l’autre tertiaire. La partie publique s’achève par la salle d’audiences. Ce cube de 11 mètres de côté n’est pas sans rappelé ce que disait l’architecte Claude Nicolas Ledoux : « La forme d’un cube est le symbole de l’immutabilité́ ». C’est dans cet état d’esprit que l’architecte Kristell Filotico propose un cube de béton, éclairé par une lumière zénithale et meublé avec du bois brut vernis.
Le choix de la maîtrise d’ouvrage de quitter le centre-ville ancien dévoile aussi la volonté de privilégier le confort des usagers, la traduction architecturale qui en découle est l’introversion du bâtiment pour offrir des bureaux aux magistrats et aux greffiers en connexion avec l’espace extérieur tout en leur garantissant le calme et l’intimité.
Choix techniques et environnementaux
Le tribunal de Manosque, essentiellement construit en béton gris clair coulé dans la masse sera bas carbone (-20% par rapport à un béton traditionnel). Les sols suivent une logique minérale avec une chape quartzée avec bouche-pore sur sous couche acoustique, tandis que les locaux techniques seront à base de résine époxydique. Coté confort, le bâtiment sera doté d’une ventilation simple flux tandis que la salle d’audiences bénéficiera d’une ventilation double-flux avec récupération d’énergie, enfin, la construction sera raccordée au réseau de chaleur urbain. Le bâtiment sera coiffé d’une toiture végétalisée, à l’extérieur, les stationnements privés seront réalisés en dalles béton alvéolaires engazonnées.