Dans le contexte actuel – façonné par la crise, travaillé par la hausse du prix des énergies fossiles, empêtré dans les impératifs du développement durable – investir et réinventer les bâtiments existants les plus modestes soient-ils représente une alternative pertinente au choix d’une construction neuve. Bâtiments modestes ? Des constructions simples, sans recherche particulière, mises en œuvre selon les pratiques courantes de leur époque, basiques en termes de structure, d’aspect extérieur familier. Un abri de jardin, un cabanon, un petit garage, une maison ouvrière, une étable, un entrepôt, un débarras, un hangar, deux granges, un atelier de menuiserie, un pavillon des années 1960, une cabane de vignes… L’inventaire des projets présentés constitue un ensemble suffisamment hétéroclite pour révéler le potentiel considérable des bâtiments jugés « sans grade », vivier quasi inépuisable d’opportunités d’habiter.
L’introduction de l’ouvrage évoque les diverses raisons qui invitent à plaider pour la reconversion et la réhabilitation des bâtiments modestes.
Ils ont tout d’abord le mérite d’exister ; ils sont déjà là, insérés dans un bâti rural ou urbain, soit à proximité des commerces et des transports, en centre-bourg ou en centre-ville, alors que, sauf exception (et gros moyens), une maison neuve est contrainte de s’implanter sur les terrains disponibles, c’est-à-dire principalement en périphérie des communes ou des villes, en première, deuxième, voire en troisième couronne…
Ces constructions qui profitent d’une situation précieuse peuvent aussi représenter une réelle opportunité en termes de surface et de volumétrie. Lorsqu’elles sont édifiées pour un usage autre que celui d’habitation, elles définissent en effet souvent des espaces au gabarit sans commune mesure avec ce qu’aurait pu envisager le scénario d’une maison individuelle neuve – pour une question de coûts, bien entendu, mais également d’un point de vue réglementaire. Les documents d’urbanisme en vigueur n’autoriseraient pas leur construction.
D’un point de vue architectural, la contrainte de l’existant n’engendre pas un handicap qui induirait une sorte de pis-aller en regard d’une construction neuve. Au contraire, elle fournit une occasion de questionner les modèles d’habiter standards, ce qui constitue une opportunité précieuse puisqu’elle engage les architectes et leurs clients dans une dynamique de prospection plutôt que de reproduction.
Loin de brider l’inventivité, reconvertir et réhabiliter ces bâtiments courants engendre en effet des solutions nouvelles comme en témoignent les caractéristiques des projets réunis ici : une cuisine en double hauteur traversée par une passerelle desservant une partie du niveau supérieur (Underground rural) , un plan sans distribution connecté à un jardin d’hiver aussi grand que la surface chauffée (Loft des champs), le regroupement de l’essentiel des fonctions de l’habitation dans un cube (De la mise en boîte), des espaces qui se plient et s’étirent entre 1,20 m et 4,50 m de hauteur (Le toit habité),une cabine de douche suspendue dans la cage d’escalier (Le pavillon où rien ne se perd et tout se transforme), etc.
À un autre niveau, réinvestir les bâtiments existants plutôt que faire construire participe aussi à limiter l’étalement urbain et ses effets sur la détérioration des terres agricoles, la dégradation de la biodiversité ou l’altération des paysages ruraux. On peut ainsi rappeler que les statistiques attribuent à la construction des maisons individuelles l’essentiel des 70 000 ha artificialisés chaque année en France, ce qui correspond tous les dix ans à la superficie d’un département comme la Vendée ou les Alpes-de-Haute-Provence. Un mitage du territoire difficilement réversible.
Information :
- Auteur : Olivier Darmon
- Éditeur : Ouest France
- ISBN : 978-2-7373-5238-6
- Format : 19×19 cm
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