Tout savoir pour bien construire

éclats de briques à Sevran par 2/3/4/ architecture

Éclat de briques

La résidence de Sevran, s’inscrit dans un site en profondes mutations : densification du bâti, structuration de l’avenue J-F. Kennedy en boulevard urbain avec l’arrivée du tramway, redynamisation de quartiers sensibles.

Le projet comprend la construction de 225 logements de 18m² environ, la démolition de 200 chambres et la construction d’une cuisine collective.

Le projet s’affirme comme la mise en tension de deux volumes réguliers, animés par un jeu d’encadrement des menuiseries et un jeu de matières. Isolé par l’extérieur, le bâtiment a ainsi fait de la brique pleine moulée à la main son matériau principal, pour ses caractéristiques écologiques, ses qualités thermiques, et acoustiques, mais aussi parce qu’elle conserve au fil des années, ses couleurs d’origine, sans entretien particulier, si ce n’est la patine du temps.

Les parties pleines sont constituées par un jeu de tissage entre des briques pleines moulées à la main grises à l’aspect mat et rugueux, contrastant avec la disposition aléatoire et brillante de briques vernissées d’un bleu azur réfléchissant la lumière. Cette composition confère au bâtiment une réinterprétation contemporaine d’un matériau classique et pérenne.

Répétition / Urbanité

Le projet s’organise sur une trame régulière autour de la répétition d’un même logement individuel de 18 m². Afin d’optimiser l’organisation des réseaux (eau et ventilation), les logements se combinent deux à deux. Ils s’agrègent ensuite en ensembles cohérents d’environ 12 à 16 unités par niveau pour former 2 corps de bâtiments identifiables.

La mise en tension de ces deux volumes eux mêmes décomposés en deux unités d’altimètries différentes, et la réunification opérée en rez-de-chaussée font que l’ensemble est identifié comme une unité singulière alors qu’il organise la répétition de 225 logements identiques. Par ce jeu de glissement géomètrique des volumes, ces bâtiments unitaires en briques permettent d’opérer ainsi un changement d’échelle propice à une meilleure intégration architecturale.

De même, les baies, également axées sur une trame régulière, sont groupées deux à deux et circonscrites dans un cadre en aluminium anodisé préfabriqué légèrement saillant par rapport au plan de façade en briques. Ces ensembles  bi-individuels se combinent de manière alternée et décalée de niveau en niveau afin d’obtenir une variété d’effets qui en s’additionnant aux ruptures de volumes dissimulent l’accumulation répétitive des logements identiques, qui stigmatise le caractère monofonctionnel de l’opération.

Le projet propose ainsi une organisation de type « poupée russe », chaque ensemble gomme l’addition des sous-ensembles précédents.

Unicité / Domesticité

Première poupée russe, le logement type, est travaillé autour de trois sujets déterminants  qui lui donnent une valeur particulière de domesticité:

– Un meuble unitaire et linéaire qui intègre l’ensemble des besoins fonctionnels : kitchenette, réfrigérateur et rangements.

– Une Salle de bain PMR, inscrite dans une cabine préfabriquée réalisée sur mesure, comprenant un lavabo, une douche avec syphon de sol et un sanitaire suspendu.

– La fenêtre, en aluminium anodisé naturel, dispose d’une grande surface vitrée composée uniquement de deux éléments coulissants (suppression du débattement excessif qui entame l’habitabilité intérieure). La protection solaire et l’occultation, inscrites dans un cadre, sont assurées par une persienne coulissante en aluminium anodisé.

L’aluminium, recyclable et résistant aux intempéries, offre des qualités de reflets et de brillance propices à la réverbération floutée du paysage urbain, aux maillages chromatiques et à la valorisation des contrastes.

Les logements sont distribués par des circulations éclairées naturellement, qui ont été séquencées par des anneaux de couleurs identifiant les circulations verticales (gris foncé) et chaque porte de logement (bleu). Ces anneaux permettent ainsi de créer des zones palières devant chaque logement et intègrent la signalétique.

Collectivité / Convivialité

Dernière poupée russe du projet, les corps de bâtiments, dont la morphologie initiée par l’apparente fragmentation du bâti (en opposition avec la répétitivité du programme) est également définie par le mode distributif de la galerie du rez-de-chaussée. Cette dernière s’exprime comme un espace ouvert mais contrôlé, enroulé autour d’une placette privative et paysagée.

Dans le prolongement du parvis donnant sur le boulevard, le Hall, qui se déploie comme une grande galerie vitrée sur le jardin, dessert l’ensemble de l’opération. Cet élément « hors programme »  qui permet de maximiser les transparences, est le vecteur d’une grande qualité de vie et d’usage et assure un rôle distributif majeur sur l’ensemble des services proposés, donnant à ce lieu un véritable caractère public mais aussi résidentiel :

– Accès aux circulations verticales desservant les logements.

– Accès aux locaux de services et d’accueil.

– Accès à la restauration collective (construite après la démolition du bâtiment existant), placée à l’extrémité de la galerie sud et réorientée vers l’accès principal et contribuant à enceindre et à intimiser le jardin central.

Un jardin intérieur arboré, ouvert à tous a ainsi été créé, malgré la compacité du projet et les contraintes dimensionnelles liées à la morphologie du site et à la présence du bâtiment existant pendant les phases de construction.

Cet élément créé une zone microclimatique interne vecteur d’une grande qualité de vie et d’usage ; lieu de sociabilité. Elle protège des écarts de température et de luminosité en créant un lieu ensoleillé mais ventilé (convection naturelle est-ouest) et acoustiquement protégé de l’avenue J-F. Kennedy. Le jardin est ouvert visuellement au nord tout en bénéficiant du soleil à l’ouest, également  protégé des vents dominants (sud-ouest et nord-est).

Le projet s’inscrit ainsi dans une démarche environnementale labelisée BBC.

  • Maîtrise d’oeuvre : Architectes : 2/3/4/ architecture
  • Maître d’ouvrage : RSF-GROUPE 3F, François Pauchet
  • Localisation : Sevran, 93, France
  • Equipe : Olivier Arene, Jean-François Patte, Emilie Sopena, Anne Rouzee
  • BET : IGREC Ingénierie
  • Date de concours : juin 2009
  • Date de livraison : décembre 2012
  • SHON : 5 700 m²
  • Budget : 12 000 000 € HT (valeur 04/2009)
  • Photographe : Nicolas Fussler
Kévin Poireau est le fondateur du site Kiiwan Post. Il travaille dans une entreprise spécilisée dans la construction de réseaux de fibre optique en Allemagne. Précedemment, il a travaillié en bureaux d'études en France et piloter des ouvriers sur des chantiers. Kévin a suivi des études de génie civil, d'architecture et d'aménagement du territoire en France.

Voulez-vous mieux construire?

Je partage régulièrement des tutoriels de logiciels, des guides pour la construction, des articles d’actualités architecturales.

Profiter-en maintenant !