
Ouvert au public depuis octobre 2017, la nouvelle Bibliothèque Nationale du Qatar installée à Doha et dessinée par OMA rappellera à beaucoup de français la bibliothèque Alexis de Tocqueville de Caen, également dessinée par l’agence néerlandaise de Rem Koolhaas. C’est d’ailleurs en France que l’agence a commencé à travailler sur ce programme avec sa proposition pour la Bibliothèque Nationale de France en 1989, puis sur la bibliothèque universitaire de Jussieu en 1992.

La bibliothèque Nationale du Qatar regroupe plusieurs fonds documentaires en provenance de la Bibliothèque Nationale du Qatar, de la bibliothèque publique, de la bibliothèque universitaire de Doha, et abrite une collection patrimoniale recueillant des manuscrits et des textes précieux. En tout, c’est plus de 800 000 livres qui sont inventoriés aujourd’hui sur les 32 000 m2 de surface net, sachant que la bibliothèque pourra à l’avenir en accueillir un million. On notera que la bibliothèque n’abrite pas seulement des ouvrages en arabe, mais aussi des livres en anglais et en français entre autres

Afin d’entrer dans la bibliothèque, les visiteurs sont invités à se glisser entre le sol et l’édifice. Le premier niveau abrite la bibliothèque pour les enfants de moins de 12 ans qui comprend près de 100 000 livres. Il est intéressant de noter que c’est la collection qui de loin connaît le plus de succès actuellement. Sur les 252 000 empruntés depuis son ouverture, 158 125 provenaient de cette collection. C’est donc un espace à prendre avec beaucoup de considération. Le premier niveau est complété par des salles de travail autonome et des salles informatiques. On y retrouve aussi des espaces de lecture ainsi qu’un restaurant.

Le second niveau met en scène le patrimoine du lieu. En effet, l’architecte néerlandais a opté pour une distribution en forme de labyrinthe pour loger les textes patrimoniaux. Rangés dans des meubles de près de 6 mètres de hauteur d’une couleur sable, telle une fouille archéologique, les livres sacrés deviennent le cœur de l’édifice. Tout en les protégeant de l’influence du public, Rem Koolhaas ne les cachent pas pour autant, bien au contraire, l’intrigue du vide fait de cet espace le point d’attention. Ce vaste niveau est ensuite complété par des rayonnages inaccessibles au public.

L’auteur de Delirious commente : “Les bibliothèques, en tant que typologie, sont si exceptionnellement adaptées pour produire une architecture radicale. Apparemment, il y a un paradoxe qu’une telle forme traditionnelle produit des solutions inventives, et c’est le cas de la Bibliothèque Nationale du Qatar.” La connaissance est quelque chose d’universel, l’architecte nous le démontre dans l’organisation spatiale de celle-ci. Rem Koolhaas s’est dès le départ opposé à une stratification verticale des collections. Au lieu de cela, il propose un grand volume qui permet à chacun d’être confronté physiquement à l’ensemble de la connaissance.

L’entrée dans le volume principal se fait par le centre, cette scénographie permet à chaque visiteur d’entrée au cœur du lieu et non par côté comme il est coutume de le faire. Le lecteur est alors confronté à une succession de strate formée par les rayonnements des livres. Ces étagères, en marbre comme le sol, se transforment en poste de consultation à chaque changement de demi-niveau.

Un grand pont permet au visiteur de traverser la bibliothèque sans passer par les différents paliers de la bibliothèque. Celui-ci reçoit l’auditorium qui est délimité par de grands rideaux.